Difficile de faire une carte précise du mouvement Ours en France car beaucoup d'initiatives se sont succédées
avec plus ou moins de succès. Bien sûr, le démarrage s'est fait à Paris, une capitale étant plus accueillante
pour des modes de vies en décalage avec la "norme" sociale et donc pour les Gays puis par la suite, pour les Ours.
Septembre 1979, ouverture du Café Moustache, l'un des premiers bars Gays de la capitale.
C'est le début de la visibilité pour une communauté homosexuelle prônant l'imagerie des "Clones" ces mecs virils et moustachus
que Tom of Finland a érigé en icônes par ses dessins.
Le Café Moustache a connu ses heures de gloire dans les années 80 avant de perdre jusqu'à son nom alors que le Gay Marais s'imposait,
donnant au Rainbow Flag pignon sur rue. Heureusement, les années 2000 voient revenir en force cette institution qui a repris son nom,
son enseigne et son activité. Côté discothèque, c'est le Manhattan qui accueille les "Clones"
dans les années 80 mais il fermera vers la fin des années 90.
Une première association se crée sous le nom des Gais Nounours.
Son but est de promouvoir les Gays corpulents et l'utilisation du terme 'nounours" perd alors en France la distinction faite à l'étranger
entre Bear (les mecs poilus) et Chubby (les mecs ronds). Mais elle a le mérite de se poser comme une alternative
à la standardisation en vogue dans le milieu Gay où le culte du corps fait rage et où l'éphèbe se pose en modèle incontournable.
Il va falloir pourtant encore du temps pour que la communauté se développe, d'autant que l'Ours est stigmatisé
aux yeux du milieu Gay français comme un extrème, un fétichiste du poids qui attire la curiosité médiatique
mais difficilement la reconnaissance.
Malgré cela, l'élan est donné et la fin des années 90 voit se multiplier les initiatives.
Plusieurs associations se créent et une démarcation peut enfin apparaître comme à l'étranger.
Entre Bear et Chubby, poilu ou rond, naissent alors les associations Paris Nours,
Ursus France, Bears France,
et même Bears Club France en août 1999, qui est une association lyonnaise brisant
le monopole qu'avait jusque là notre capitale. Le Bears Club France est soutenu par le Forum Bar
de Lyon qui est le premier bar à Ours à ouvrir en Province.
Les Gays sont d'actualité et le milieu Ours en bénéficie, en montrant une forte vitalité,
n'en déplaise aux amateurs du "politiquement Gay correct" qui n'y voyaient qu'une lubie passagère.
L'association GBR (les Gay/Bi Routiers) se monte en mai 1998 et même si elle n'est pas directement Ours,
elle contribue à en promouvoir les valeurs, montrant qu'un Gay n'est pas forcement une petite chose fragile.
Au One Way, un bar parisien qui se pose comme un bar cuir façon "Clones",
vient s'ajouter en avril 1999 le bar du Bears'Den qui s'impose en plein Gay Marais
comme défenseur des valeurs Ours à l'américaine avec sa population de barbus, poilus et autres "Daddies",
proposant un lieu de visibilité et de rencontres important pour les Ours.
Il devient alors en peu de temps une référence incontournable du milieu Ours.
Dès 2000, la Gay Pride parisienne doit compter avec un char du Bears'Den qui rassemble
les associations avec lui chaque année pour cette occasion.
Ces deux bars accueillent les différentes associations pour leurs rendez-vous et réunions.
Ursus France se spécialise dans les mecs ronds et se décline petit à petit en clubs de régions.
Bears France donne la patte aux poilus et reste plutôt parisien malgré la tentative d'un Bears Sud
qui deviendra finalement un Ursus Sud.
Des lieux comme la discothèque du London ou le sauna des Bains Montansiers
viennent s'ajouter au panel qui s'offre aux Ours pour sortir de leur tanière à Paris,
mais aussi en région comme avec le sauna Le Président à Toulouse.
En Décembre 2000, une soirée cristallise cet émergence furieuse des Ours dans le milieu Gay.
La première élection du Mr Bear France est organisée par l'association qui se crée pour l'occasion :
BPO (Bear Pride Organisation). Par la suite Ursus se sera pas en reste en faisant des soirées
d'élection Mr Ursus France.
Pris dans son essor rapide, le mouvement Ours s'emmêle un peu, les associations prennent de l'ampleur
ou périclitent et les initiatives personnelles se développent comme autant d'alternatives aux institutions Ours,
en particulier grâce à internet qui devient un outil essentiel dans la propagation de la bonne nouvelle oursonne.
Aux début de l'année 2001, un chat Ours nationnal s'impose rapidement.
Il s'officialise enfin en Avril 2001 sous le nom de Cybears
et se développe soutenu par l'association MIF (Men In France)
en portail web d'informations et de contacts pour les Ours.
Il s'affirme comme une référence internet, un Ressources For Bears à la française
pour contribuer à la révolution sociale Ours en offrant une porte ouverte sur le mouvement
puis en dévirtualisant les contacts par l'organisation de pots, restos et autres rencontres conviviales.
En mai 2001, BPO lance un petit fanzine gratuit, le Bear Republic News distribué dans les lieux Ours.
Plus tard, quelques participants de Cybears se démarquent et lancent le site web WoofPower en octobre 2001.
Il ne se veut ni portail internet, ni association, mais, sur le modèle de Cybears/MIF, il développe des activités de rencontres pour Ours.
Après une période d'inactivité et une vaine tentative de changement d'organisation,
Bear France disparaît de la scène. Ursus France s'essoufle aussi et la branche montpellieraine d'Ursus Sud s'en détache
pour trouver dans son indépendance toujours plus de vitalité (entre autre, a lieu en janvier 2002 l'élection du premier Mr Ursus Sud).
2002 s'annonce sous le signe de la régionalisation, des pôles Cybears se forment
à Lille, Orléans, Marseille, Toulouse puis Tours.
Durant l'été 2002, Ursus France après un renouvellement, change de nom et renaît sous la forme d'AmiNours,
tandis que son ex-président lance le premier site Ours payant francophone: Nours.net.
Montpellier n'est pas en reste avec les nombreuses animations des gîtes de La Vallée aux Ours
et la participation d'Ursus Sud au défilé 2002 de la Gay Pride montpelliéraine.
A la fin de l'été, un nouveau club Ours de région se crée : Bears Box, basé à Bordeaux,
indépendant et proposant un portail web et des activités pour tout le Sud-Ouest.
Cybears se démarque en Septembre 2002 de l'association MIF pour confirmer son objectivité face aux différents clubs existants,
afin de mieux les promouvoir. MIF décline alors les services qu'il apportait jusque là à Cybears (profils, annonces, galeries...),
sous la forme du nouveau site Bear Center
permettant à Cybears de se recentrer sur sa politique de départ (informations, contacts et chat nationnaux).
La fin d'année 2002 confirme la tendance à la régionalisation par des lieux qui ouvrent
ou qui prennent l'accent Ours (avec, entre autres, les bars Bears Méditerrannée à Montpellier
ou Le Rusca à Nice).
De même, sur l'exemple réussi de Bears Box, d'autres villes voient naître des clubs indépendants :
Bear's Party, Bears Nord,
Bears Lyon, NBC (Nantes Bears Club)...
Sur la toile aussi, on voit des sites se développer à vitesse grand V, entre des portails comme BearWWW
et des initiatives plus personnelles comme ManuFr's Webpage ou de nombreuses pages persos.
Le mouvement Ours est bien installé en France, il vit, évolue, et son rythme s'accélère.
Plus de crainte à avoir, ce milieu n'est pas énorme mais l'information se diffuse beaucoup mieux qu'avant.
Les Ours ont bel et bien leur place au sein du milieu Gay français et ceux qui sont attirés par ce mouvement
bénéficient de nombreux moyens pour en profiter.
Maintenant qu'il n'y a plus vraiment à se battre pour la reconnaissance,
les seuls réels problèmes viennent occasionnellement de quelques querelles intestines à propos d'étiquettes, de gestion d'association et j'en passe,
mais ce ne sont là que les signes superficiels de la bonne santé d'un milieu qui n'a plus à s'en faire pour son existence.
Article écrit par RANT` (2002)
Vous trouverez toutes les références des associations et lieux
encore en activité cités ci-dessus, dans les rubriques "Guide Ours" et "Liens" de ce site.
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